Nous traitons depuis maintenant plusieurs mois sur le blog de Déessi la problématique de l’évolution du rôle de la DSI. Moins axée sur ses fonctions traditionnelles de support et de gestion technique, davantage impliquée dans la stratégie de l’entreprise et la création de valeur, la DSI devient prescriptrice pour mieux accompagner les structures dans la mise en place de leur transformation numérique et dans l’adaptation aux dernières évolutions technologiques.
Selon une étude réalisée par le cabinet Gartner au printemps 2015, comparée aux tendances mondiales, les DSI française seraient plus conservatrices, et consacreraient moins de temps que les autres à l’innovation et à l’échange avec les métiers. Dans cet article, nous allons nous attacher à détailler les points de blocages et les moyens pour les DSI françaises de s’orienter vers les nouveaux aspects stratégiques de leurs fonctions.
Des nouvelles tendances qui bousculent le fonctionnement traditionnel de la DSI
L’une des particularités des nouvelles tendances du numérique, c’est la multiplication des cas de figures à traiter. Désormais, la DSI ne possède plus la maîtrise totale du matériel et des applications qui sont utilisés par les employés.
Des tendances comme le coworking, le télétravail, le BYOD (Bring your own device), le Shadow IT ou encore le BYOA (Bring your own application) sont passés par là, bouleversant la gestion centralisée des parcs informatiques. Une majorité de services se retrouve ainsi externalisés dans le Cloud, avec à charge pour la DSI de les coordonner, tout en apportant une plus-value à l’entreprise.
Une DSI qui doit savoir saisir toutes les nouvelles opportunités
Une autre tendance qui n’est pas suffisamment considérée à sa juste valeur, c’est celle du Big Data. En effet, selon l’étude 2016 CIO Agenda de Gartner, ne pas exploiter suffisamment les données dont elles disposent pourraient coûter en moyenne aux entreprises 12 millions d’euros chaque année.
Le Big Data représente une opportunité d’améliorer la compétitivité de l’entreprise, de développer de nouveaux services innovants, de prendre de meilleures décisions et c’est à la DSI de se saisir de ces chantiers et de s’en faire le porte-parole, sous peine de manquer le coche qui lui permettrait de se positionner en architecte de la stratégie de l’entreprise, aux côtés notamment de la direction.
Trouver le bon équilibre entre le maintien fonctionnel du système d’information et stratégie
Bien entendu, la DSI n’est pas déchargée de ses fonctions de maintien en bonne condition du système d’information. Ces problématiques sont même de plus en plus prégnantes avec notamment l’augmentation des menaces en sécurité informatique. Sous pression, les DSI sont tentées de mettre en place des règles et des contrôles supplémentaires qui n’apportent pas toujours un niveau de sécurité supérieure.
Avec des budgets toujours plus restreints et des utilisateurs toujours plus exigeants, notamment en matière d’usages, de liberté et de nouveaux services, la DSI doit également se faire créative pour trouver un bon équilibre entre le maintien fonctionnel du système d’information et l’innovation stratégique.
Pour ce faire, il s’agira de prendre quelques mesures utiles. Une connaissance parfaite du fonctionnement de son système d’information, du lieu de stockage et des règles d’accès aux données sensibles, la mise en place d’audits de sécurité et d’audits de performance, la sensibilisation des utilisateurs seront autant de bonnes pratiques qui permettront de faire diminuer les risques en matière de sécurité tout en offrant une bonne flexibilité.
De plus, l’utilisation de technologies permettant l’automatisation de certaines tâches (analyse des données, alerte en temps réel, mise à jour…) permet de soulager la DSI et de lui donner davantage de temps à se consacrer à des tâches plus stratégiques.
Le retard français
Mais si nous revenons sur l’étude 2016 « CIO Agenda: A France Perspective » du cabinet Gartner, nous ne pouvons que constater que les DSI français n’en sont pas encore là. En effet, tandis qu’en matière d’investissement les DSI mondiales donnent la priorité aux infrastructures et aux Datacenters, les DSI Françaises continuent de privilégier des outils tels que le marketing digital, les ERP, les CRM, le Cloud ou la mobilité.
Non que ces investissements ne soient pas importants, mais Gartner recommande aux DSI français d’entrer dans une logique de plate-forme, de prioriser leurs projets et de déléguer davantage pour consacrer plus de temps à l’échange avec les métiers et l’écosystème numérique.
Ainsi, nous venons de voir que la tâche sera rude pour les DSI à l’aube 2016, avec de nombreuses contradictions qu’il s’agit de maîtriser : conserver un maintien opérationnel du système d’information, protéger le système d’information et les données les plus critiques, rendre service aux utilisateurs et couvrir au possible les besoins métiers avec de nouvelles technologies innovantes, ou encore, se faire l’artisan de stratégie compétitives basées sur l’analyse des données.
Pour les DSI françaises, il s’agira d’essayer de sortir de leurs carcans, pour embrasser davantage l’aspect stratégique de leurs nouvelles fonctions, afin de maintenir les entreprises à la pointe des nouvelles tendances du moment.